・Ziyue Zhou・
Prenant généralement la forme d’installations dans l’espace, mes œuvres mélangent différents médiums tels que le dessin, la sculpture, la vidéo, et sont toujours intimement liées à l’espace qui les accueillent. Je suis née dans le petit village de Xiapu, au sud de la Chine. J’ai toujours été fascinée par cette atmosphère dans laquelle j’ai grandi, entourée par une diversité étonnante de paysages, mêlant rivières, collines, mer et montagnes. La nature et l’espace sont des éléments fondamentaux pour moi, en particulier pour leur caractère fluide et instable, et constituent le socle sous-jacent de toutes mes créations.
À la manière de Georges Perec, j’interroge l’habituel, je questionne les gestes, la place des objets dans l’espace, ainsi que la place de mon propre corps. Je crée donc des installations composées de fragments de vie ordinaire, à partir de morceaux de meubles abandonnés, de post-its, de plantes, de papiers divers, et les assemble pour créer des sortes d’« haïkus visuels ». Un dialogue continuel s’établit entre les matériaux et les couleurs que j’utilise pour mes travaux, et laisse à celui qui les regarde la possibilité d’imaginer un après.
D’apparence insignifiante, mes projets s’inscrivent dans la définition de la fadeur que donne François Julien dans son Éloge de la fadeur, à partir de la pensée et de l’esthétique de la Chine (1993). Il dit de cette « vertu banale » qu’elle est « à la fois ce qui a le plus de valeur et ce qui est le plus commun, ce par quoi tout se réalise mais qu’on ne voit jamais ».
LE JARDIN D'ÉMILIE NGUYEN 2015-2018, 45-47 Rue des Cévennes, Paris
À l’été 2015, je suis arrivée à Paris. J’ai emménagé chez une habitante qui s’appelle Émilie Nguyen. Elle est française d’origine vietnamienne, et est née dans les années 1930. Depuis plusieurs années, elle héberge une quarantaine de chats.
Dans sa maison se côtoient chats, pigeons, fruits, légumes, vraies et fausses plantes. Cet environnement prend des airs de nature morte, ou de still life si on en garde le terme anglais, qui évolue jour après jour, et me pousse à interroger la relation entre les animaux, les humains, les éléments organiques et non-organiques.
Plein temps, mi-temps, de temps en temps (Novembre Paris) Vue d'installation ensemble de 18 dessins, crayon, encre, aquarelle sur papier 3 photos impressions en jet d'encre dimensions variables 2016
Ce que j’essaie d’apporter par le biais de mes œuvres, c’est un regard sensible et poétique sur des éléments ordinaires, une célébration du quotidien.
IG : @ziyeuxx